Comments by "Missiavu" (@missiavu) on "Éric Zemmour répond à Emmanuel Macron sur l'identité française" video.
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Chez nous, en Corse, c'était justement à l'époque où le corse était encore la vraie langue maternelle de la quasi totalité des corses, où l'on n'entendait pratiquement pas parler français dans la vie quotidienne, seulement à l'école et dans la vie publique, que le patriotisme français y était le plus ardent et le plus unanime, étant naturellement complémentaire avec le vieux patriotisme corse hérité de notre Histoire. Ce n'est que lorsque le processus d'assimilation intégrale par dépossession de soi-même a commencé à faire concrètement sentir ses effets qu'est apparu le nationalisme corse contemporain qui n'a cessé de croître en audience depuis, jusqu'à diriger désormais la collectivité de Corse. Regardez nos jeunes, moins ils savent parler correctement le corse, moins ils connaissent l'Histoire de leur île et sa culture, moins ils sont imprégnés par ses valeurs traditionnelles, plus ils se détachent inexorablement de la France, moins ils se sentent Français. J'en conclus donc qu'en Corse, le processus assimilationniste a eu un effet déstructurant sur l'intégration civique et citoyenne parfaitement réalisée au temps de mes grands-parents (j'ai 63 ans) et destructeur sur le sentiment d'appartenance à la nation française. Ne nous obligez pas à choisir entre la langue française qui nous est commune et "a nostra lingua corsa", entre la culture française et l'héritage culturel italien, italique, plus précisément, de nos anciens, entre le drapeau tricolore de la République française pour lequel sont tombés tant des nôtres et notre vieux drapeau national à tête de Maure taché du sang de nos patriotes, au XVIIIème siècle, à Borgu, à Pontenovu ou ailleurs, entre la Marseillaise et le Dio vi salve Regina, notre vieil hymne national officiellement adopté en janvier 1735, entre Napoléon Bonaparte, symbole entre tous de la Corse française, et l'idole de ses jeunes années, Pasquale Paoli, "Babbu di a Patria" ("Père de la Patrie"), entre l'Histoire de France qui est aussi le nôtre depuis plus de 250 ans, et notre Histoire de la Corse, si spécifique, bien plus longue pour nous et non encore achevée, car tous ces éléments font ce que nous sommes au plus profond de nous mêmes. Laissez nous être pleinement nous-mêmes, Éric, avec nos prénoms, aussi, comme Vannina, par exemple, celui de ma fille aînée, nous n'en serons que de meilleurs Français. Mais attention, si vous nous obligez à choisir, alors, comme Albert Camus, nous choisirons notre mère..... "À Rome, fais comme les Romains", "à Paris, fais comme les parisiens" dites vous fort légitimement, mais alors, ajoutez également : "In Corsica, fa cumme i corsi" ("En Corse, fais comme les corses"). Voilà, Éric, je vous ai parlé du plus profond de mon âme de corse français, pas l'un ou l'autre, ni l'un sans l'autre, mais intimement l'un et l'autre, alors, entendez nous avant que les liens entre nous ne soient irrémédiablement rompus.
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